DENIS MALARTRE

Denis Malartre quitte Caen en 1970, à l’âge de 18 ans, pour venir travailler à Paris, et vivra de près l’émergence de la photographie moderne des années 1970 et 80 sous l’influence d’Henri Cartier-Bresson. Il devient en 1981 membre de l’agence Viva, fondée par huit photographes dix ans plus tôt. Ce collectif d’auteurs-artistes, plutôt qu’agence de presse, lui laisse toute liberté dans sa pratique, mais il n’a pas vocation à être reporter ou photographe d’illustration, et ne croit pas en l’avenir de la photographie narrative. « Et la photographie, très lentement, meurt, étouffée par des millions d’images, toutes semblables, toutes soumises à cette petite fenêtre ouverte sur le monde », écrit-il en 1986.

Grand amateur d’art, ses interrogations sont plutôt celles de la peinture moderne et contemporaine qui le conduisent vers le mouvement français Supports/Surfaces (pour qui « l’objet de la peinture, c’est la peinture elle-même ») qu’il pense dès lors pouvoir transposer à la photographie.

Un voyage à New York en 1986 va le marquer profondément et lui ouvrir un nouveau champ de travail : « Je ferme la fenêtre afin d’y voir plus clair et prends la photographie comme objet. Une sorte de relation objectale », écrit-il dans un manifeste peu après son retour. Durant deux années extrêmement créatives, il s’engage dans une expérimentation plasticienne de la photographie (grattage des négatifs ou trait au pinceau sur des bandes) et réalise un ensemble d'images non figuratives, fruit d'un travail obsessionnel d’installations et de prises de vue, qu’il intitule Les Objectales.

Il expose son travail au début de l’année 1988 et publie confidentiellement en parallèle « Tue- mouches », un petit recueil de textes et photos. Après quoi il arrêtera complètement la photographie. Près de trente ans plus tard, il a pensé qu’il était peut-être de son devoir de ressortir ses photographies des boîtes et de montrer son travail. Il se préparait à exposer quand un cancer l’a emporté en 2017 en l’espace de deux mois.

Denis Malartre laisse derrière lui un ensemble exceptionnel d’oeuvres, dans le prolongement du mouvement Supports/Surfaces, constitué de tirages argentiques d’époque uniques réalisés par ses soins.


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