EXPOSITION COLLECTIVE • ATTO 2/3 : COL TEMPO
BIGAIGNON x RHINOCEROS GALLERY, ROME, ITALIE
EXPOSITION DU 26 NOVEMBRE 2025 AU 14 JANVIER 2026
VERNISSAGE JEUDI 26 NOVEMBRE 2025, DE 18H À 20H
Artistes : uan Couder, Harold Feinstein, Yannig Hedel, Hideyuki Ishibashi, Lab(Au), Morvarid K, Fernando Marante, Chris McCaw, Thomas Paquet, Olivier Ratsi, Charles Xelot
Nous avons le plaisir d’annoncer notre deuxième exposition à Rome, fruit de son partenariat avec Rhinoceros — un lieu unique imaginé par Alda Fendi et dessiné par Jean Nouvel, en plein cœur de la capitale italienne. Intitulée « Atto 2/3 : Col Tempo », cette exposition, consacrée à un élément aussi fondamental que le temps, marque le deuxième acte d’un cycle de trois événements qui se tiendront jusqu’au mois de mars 2026.
Le temps, invisible et insaisissable, constitue la trame de toute expérience humaine et l’un des matériaux essentiels de l’art. Si la photographie est caractérisée par la lumière et l’espace, elle l’est tout autant par le temps : elle le découpe, le suspend, le transforme en matière sensible. Chaque image est un fragment de durée arrêté dans son élan, un instant qui refuse de disparaître.
Depuis toujours, les artistes tentent de comprendre ce que le temps fait à la forme, au corps, à la mémoire. Héraclite voyait dans le monde un flux perpétuel, tandis que Saint Augustin, méditant lui-même à Rome, s’émerveillait de ce paradoxe : le temps n’existe que dans la conscience humaine, tendue entre la mémoire du passé et l’attente de l’avenir. À Rome, cette réflexion prend une résonance particulière. Ici, le temps se fait visible, presque tangible. Les couches d’histoire s’y superposent comme des strates de mémoire : les ruines dialoguent avec le présent, les pierres anciennes côtoient la lumière d’un jour nouveau. La ville éternelle rappelle que le temps n’est pas seulement ce qui passe, mais aussi ce qui demeure.
Les artistes réunis pour cette exposition explorent cette matière invisible, fluide et persistante. Par la trace, la superposition, la répétition, ou au contraire par la fulgurance d’un instant unique, ils interrogent la tension entre le passage et la persistance. Là où Thomas Paquet se propose de capter la trace du temps sur une année entière en utilisant le cyanotype, comme d’ailleurs l’artiste espagnol Juan Couder qui emploie cette matière d’une autre façon, Morvarid K s’efforce quant à elle, par le biais de la performance, de pétrir son papier photographique de cette trace temporelle. Hideyuki Ishibashi avec sa série « Latent » évoque, lui, le temps à travers la mémoire. De façon plus conceptuelle et avec autant de force, l’oeuvre du collectif belge Lab(au) présente un monochrome qui semble prendre la forme d’une peinture bi-tons, mais utilisant d’un coté de la poudre d’uranium et de l’autre du plomb, c’est bien le temps qui permettra à cette oeuvre de devenir monochrome car la seule chose qui différencie ces deux matériaux c’est le temps (en l’occurrence des millions d’années !). L’artiste français Yannig Hedel et l’artiste américain Chris McCaw nous proposent tous deux des compositions magistrales qui évoquent tout en poésie l’inscription du temps qui passe. Alors que le philosophe Henri Bergson rappellera que le temps vécu — la durée — ne se mesure pas mais se ressent, se contracte, s’épaissit selon nos émotions et nos souvenirs, l’artiste Charles Xelot, invité pour l’occasion, rend visible cette durée ! Enfin, l’artiste portugais Fernando Marante et le photographe américain Harold Feinstein nous invitent à contempler le temps comme une matière vivante : chez l’un, il s’étire comme une onde tranquille, chez l’autre, Il se déroule image après image, comme une séquence cinématographique.
À une époque saturée d’images instantanées et d’informations éphémères, repenser le temps — sa lenteur, sa profondeur, sa densité — devient un geste presque politique. Peut-être qu’au fond, l’art n’a d’autre vocation que celle d’offrir des formes au temps, pour que nous puissions, un instant encore, l’habiter autrement.
En parallèle, depuis septembre dernier et jusqu’en mars 2026, la galerie Bigaignon investit un espace au premier étage de ce bâtiment historique, avec une installation majeure d’Olivier Ratsi. Véritable synthèse des trois expositions prévues à Rhinoceros, cette œuvre immersive rassemble les trois thèmes que la galerie française souhaite explorer durant sa résidence à Rome : la lumière, le temps et l’espace.
