EXPOSITION COLLECTIVE ATTO 3/3 : NELLO SPAZIO


BIGAIGNON x RHINOCEROS, ROME, ITALIE
EXPOSITION DU 18 JANVIER AU 15 MARS 2026
VERNISSAGE DIMANCHE 18 JANVIER 2026, DE 15H À 18H

Artistes : Mary-Ellen Bartley, Renato D’Agostin, Vittoria Gerardi, Yannig Hedel, Bernard Joubert, François Kenesi, Denis Malartre, Jean de Pomereu, Olivier Ratsi, Marco Tagliafico, Thierry Urbain, Elyn Zimmerman

La galerie Bigaignon a le plaisir d’annoncer la troisième et dernière exposition du cycle présenté à Rome en partenariat avec Rhinoceros, lieu manifeste imaginé par Alda Fendi et dessiné par Jean Nouvel, où l’architecture elle-même devient une expérience sensible. Intitulée « Atto 3/3 : Nello Spazio », cette exposition vient clore un triptyque consacré aux trois éléments fondamentaux de la photographie : la lumière, le temps et enfin l’espace. Après Sotto la Luce et Col Tempo, cet ultime acte explore la dimension spatiale comme condition première de toute image, mais aussi comme matière plastique, mentale et politique.

L’espace n’est jamais neutre. Il est ce dans quoi nous nous déplaçons, ce qui nous contient autant que ce que nous projetons. En photographie, il est cadré, fragmenté, reconstruit ; il devient surface, volume, profondeur, illusion. Depuis la perspective de la Renaissance jusqu’aux expérimentations contemporaines, l’espace est un champ de tension entre le réel et l’imaginaire, entre le visible et l’invisible. À Rome, ville façonnée par la stratification, l’espace est mémoire incarnée : un empilement de vides et de pleins, de ruines et de constructions, de projections mentales autant que de réalités physiques.

Les artistes réunis dans Atto 3/3 : Nello Spazio interrogent cette notion sous des formes multiples, allant de l’architecture à l’archéologie, du paysage extrême à l’espace intérieur, de la photographie à la sculpture, du plan à la tridimensionnalité. Ensemble, ils proposent une traversée où l’espace n’est plus seulement représenté, mais activé, déplacé, parfois même perturbé.

Avec son travail sur Pompéi, Vittoria Gerardi explore un espace figé par la catastrophe, suspendu entre disparition et conservation. Ses photographies voilées de plâtre, associées à des sculptures minimalistes et mystérieuses, convoquent un espace enseveli, où l’image devient à la fois relique et reconstruction, empreinte fragile d’un lieu à jamais transformé par le temps et la matière.
Jean de Pomereu crée de nouvelles topographies faisant écho à la transformation humaine des environnements terrestres à partir de photographies d’archive réalisées en Antarctique par l’armée américaine durant la Guerre froide, paysages extrêmes et idéologiquement chargés, et y associe une sculpture en hommage à Carl Andre. Ici, l’espace est à la fois géopolitique et conceptuel, territoire de projection stratégique autant que champ d’abstraction minimale.
Les paysages pseudo-imaginaires de Marco Tagliafico, construits notamment par l’association de prises de vues numériques et de tirages argentiques, brouillent les frontières entre réel et fiction. Ces volumes photographiques, presque sculpturaux, inventent des espaces mentaux où la perception vacille, révélant la photographie comme un outil de fabrication spatiale.
Avec son installation mêlant photographie et volumes sculpturaux issus de l’architecture urbaine, Yannig Hedel interroge la ville comme matrice formelle. L’espace urbain y est fragmenté, reconstruit, transformé en une expérience physique où l’image sort de son plan pour devenir objet.
Une installation historique des années 1970 ainsi qu’un dessin sur papier calque de Elyn Zimmerman rappellent combien l’espace, pour elle, est avant tout une expérience lumineuse et perceptive. Son travail, profondément lié à leurs résonances matérielles, inscrit l’œuvre dans une relation directe avec l’environnement.
Avec son hommage à Giorgio Morandi, Mary-Ellen Bartley déploie un espace intime, presque silencieux, où la photographie devient un lieu de contemplation. L’espace y est réduit, concentré, mais d’une intensité remarquable, révélant la profondeur contenue dans les choses les plus simples.
Renato D’Agostin propose une vision monumentale et radicale de Venise avec son projet Veni Etiam. Ses tirages des canaux vénitiens, associés à ses sculptures de Briccole emblématiques, transforment l’espace de la Cité des Doges en une abstraction graphique et sculpturale, où la ville devient rythme, ligne et matière.
Ancien résident de la Villa Médicis, Thierry Urbain présente ses architectures imaginaires, espaces mentaux et poétiques qui oscillent entre ruine et construction. Ces lieux inexistants, pourtant familiers, interrogent notre rapport à l’utopie, à la mémoire et à la projection.
Les œuvres sur rubans des années 1970 de Bernard Joubert introduisent un espace géométrique  et performatif où l’art se déploie entre le mur qui le soutient et l’esprit du spectateur qui finalise la forme voulue par l’artiste, rompant avec la frontalité traditionnelle de la peinture.
Enfin, Denis Malartre, Oliver Ratsi et François Kenesi viennent bousculer notre perception d’un espace donné. Par des dispositifs qui déroutent le regard et déstabilisent les repères, ils interrogent l’espace comme construction mentale, fragile et réversible.

En parallèle, depuis septembre dernier et jusqu’en mars 2026, la galerie Bigaignon investit un espace au premier étage de ce bâtiment historique, avec une installation majeure d’Olivier Ratsi. Véritable synthèse des trois expositions prévues à Rhinoceros, cette œuvre immersive rassemble les trois thèmes que la galerie française souhaite explorer durant sa résidence à Rome : la lumière, le temps et l’espace.

À l’heure où les images circulent sans épaisseur, Atto 3/3 : Nello Spazio propose une expérience contraire : ralentir, habiter les formes, éprouver physiquement l’espace. Car si les oeuvres présentées sont lumière et temps, elles sont aussi, fondamentalement, une manière de penser et de vivre l’espace. Peut-être est-ce là, en définitive, que se joue notre capacité à rester présents au monde.