RACHELLE BUSSIÈRES AND THE SKY WILL FOLLOW


VERNISSAGE JEUDI 6 NOVEMBRE 2025 (18-21H)
CONVERSATION AVEC L’ARTISTE SAMEDI 8 NOVEMBRE 2025 (16H)
EXPOSITION DU 6 NOVEMBRE 2025 AU 17 JANVIER 2026

Nous sommes heureux de présenter la toute première exposition de Rachelle Bussières à la galerie. L’exposition « And The Sky Will Follow » nous invite à pénétrer un horizon lumineux fait de temps, de lumière et d’une certaine présence. S’inspirant des poèmes d’Etel Adnan sur le lieu, la durée et la perception, Rachelle Bussières en découle des oeuvres chromatiques atmosphériques d’une subtilité à nulle autre pareil.

“The sun shines through my windows with no difficulty as they are wide open. I try to touch the light but it disappears at that very moment; all I do is make shadows with my fingers… Then I think that the world is somewhere else …” (Etel Adnan, In the Heart of the Heart of Another Country)

La pratique de Rachelle Bussières repose sur des procédés analogiques, réalisés en chambre noire, où le temps et la lumière deviennent ses assistants. Utilisant du papier argentique, elle l’expose à diverses sources lumineuses (ambiantes, en studio, filtrées, directes…) pendant des durées allant de quelques secondes à plusieurs heures, voire plusieurs jours, permettant ainsi au papier de réagir, de se transformer et d’enregistrer ces flux. Par des techniques de masquage, d’évitement et de protection gestuelle minutieuse, elle sculpte des dégradés et des tonalités non pas à l’aide de pigments, mais à travers le jeu temporel de l’exposition, entre ombre et lumière. Le motif coloré qui apparaît alors sur son luminogramme n’est pas développé de manière traditionnelle : il émerge sur le papier noir et blanc dans le bain fixateur dans moment de révélation paradoxale qui cristallise ce qui était auparavant invisible.

Pour l’artiste, le temps n’est pas une abstraction — il est visible, incarné, indexé. Chaque tirage agit comme une trace temporelle : la couleur, la teinte, le ton sont des enregistrements directs du moment, du lieu et de la durée de l’exposition. Les bleus lumineux, les violets, les roses, les beiges chauds ne sont pas des effets stylisés mais les résidus de la durée, de la lumière et des conditions environnementales. En ce sens, ses œuvres ne sont jamais des objets statiques, mais des palimpsestes du passage de la lumière. Le spectateur prend conscience que l’image n’est pas simplement l’objet d’un regard, elle est la résultante d’un événement, elle a eu lieu.

Rachelle Bussières situe son approche entre la photographie et la sculpture, s’inscrivant dans une lignée qui inclut la photographie expérimentale des débuts, notamment les photogrammes, et le mouvement Light and Space. Elle fait également référence à Man Ray et László Moholy-Nagy, dont les expérimentations autour de la lumière, de l’ombre et de la matérialité restent des points de départ dans son travail. Pourtant, Rachelle prolonge et transforme ces généalogies : sa pratique se préoccupe moins de la maîtrise technique que de l’abandon aux contingences de la lumière, de l’environnement et du hasard. Plutôt que de contrôler chaque variable à distance, elle négocie avec la lumière : elle bouge avec son corps, laisse les ombres interférer, masque certaines zones, et accepte parfois que le hasard intervienne. À l’instar du minimalisme ou de la peinture Color Field, les surfaces qu’elle crée peuvent d’abord sembler être de simples champs colorés, mais elles ne sont jamais neutres. Ses compositions occupent un espace liminaire : ni tout à fait paysage, ni tout à fait abstraction, ni tout à fait document, mais un hybride qui pointe au-delà de la représentation visuelle.

Les fragments poétiques d’Etel Adnan résonnent tout au long de cette œuvre : « Chaque fenêtre se considère comme une ouverture » ou « Le temps et le brouillard nous échappent ». Ces vers font écho aux propres interrogations de Bussières : où est le temps ? Comment laisse-t-il une trace ? À une époque de précarité écologique, l’exposition « And The Sky Will Follow » invite le spectateur à une pause contemplative, à s’attarder, ralentir, ressentir. Regarder l’œuvre de Rachelle Bussières, c’est s’arrêter devant une lente alchimie de la lumière, percevoir la vulnérabilité de la perception et le flux inéluctable du temps.

À propos de l’artiste : Rachelle Bussières est une artiste franco-canadienne basée à New York dont la pratique explore la perception, le temps et le monde naturel. Titulaire d’un MFA du San Francisco Art Institute, son travail a été notamment exposé aux États-Unis, au Canada, en France, au Royaume-Uni, en Italie et en Turquie. Elle a également participé à des résidences internationales telles que le Banff Centre, la Penumbra Foundation, le Headlands Center for the Arts et Silver Art Projects. Son travail fait partie de plusieurs collections publiques et privées, dont le Museum of Contemporary Photography (Chicago), le musée Arter Contemporary Art Museum (Istanbul) et la bibliothèque du SFMOMA. Elle a remporté la deuxième place du Snider Prize du Museum of Contemporary Photography et a été finaliste pour l’Aperture Portfolio Prize. Elle a également reçu de nombreuses bourses du Conseil des arts du Canada. Son travail a été présenté lors de grandes foires internationales d’art, notamment Paris Photo, The Photography Show by AIPAD, Untitled Miami, Enter Art Fair et Expo Chicago. Elle est également la fondatrice de LUMIERE NYC, une plateforme dédiée aux pratiques photographiques expérimentales basées sur la lumière.