VITTORIA GERARDI LATENZA


EXPOSITION DU 14 MARS AU 20 AVRIL 2024
VERNISSAGE : JEUDI 14 MARS  2024 (18H-21H)

Après les succès de « Confine » en 2017, et de « Pompeii » en 2019, nous sommes particulièrement heureux de présenter l'exposition très attendue « Latenza », la troisième exposition personnelle de l'artiste italienne Vittoria Gerardi à la galerie. Cette exposition minimaliste, qui place la lumière au cœur de son travail et repousse les limites du médium photographique, est un remarquable hymne à la vie.

Dans la série Latenza, l'artiste italienne se penche sur la nature même de la photographie, la lumière et le temps. À travers un procédé baptisé Aléthégraphie, technique expérimentale de révélation partielle du tirage, Vittoria Gerardi tente de comprendre le langage de la photographie, sa structure immergée, sa face cachée. Elle explore le concept de l'image latente qui se trouve au sein de chaque tirage avant même qu'elle ne soit révélée, et cherche à mettre au jour la frontière qui sépare le visible de l’invisible. L'image latente est symbolisée ici par des fragments végétaux, utilisés tantôt comme négatif, tantôt comme substrat de l’image. En transformant la lumière en réaction chimique, la photographie devient photosynthèse, à l’instar de ce qui se passe dans le monde végétal.

En associant le végétal au concept de l’image latente, Vittoria Gerardi explore notre rapport à la vie et choisit de ne pas fixer ses tirages. Ainsi, parce qu’ils restent sensibles à la lumière, les tirages, préservés dans de magnifiques boîtes- cadres hermétiques, continueront de changer progressivement de couleur, de s’adapter aux éléments avant de se fixer naturellement sur leur composition « finale », si tant est qu’on s’autorise à ouvrir la boîte. Comme l’explique la critique Anna Ghadar : « Vittoria Gerardi fait ainsi participer les spectateurs au processus de développement et, ce faisant, trouve un équilibre entre ses compétences techniques bien rodées et sa soumission poétique à l’imprévisibilité inhérente du temps ». Tout comme le cerveau humain distille des informations sur son environnement pour développer une image de soi et du monde qui l’entoure, le papier photographique de Vittoria Gerardi se développe littéralement à mesure qu’il est exposé. C’est comme si l’œuvre elle-même mûrissait, imitant un processus de croissance, exprimant à la fois l’origine et le devenir.

Les boîtes-cadres dans lesquelles sont « enfermés » les tirages font partie intégrante de l’œuvre. Elles sont ornées de plaques de cuivre émaillées dont la couleur varie d’une face à l’autre. À l’extérieur, l'émail est un verre monochrome qui suit la séquence de la sphère de Newton : « La couleur est la façon dont nous percevons la lumière », explique l'artiste, « c'est donc la façon dont j'ai structuré et ordonné la séquence de l'extérieur (blanc, jaune, orange, rouge, gris, vert, bleu, indigo, violet et noir). À l'intérieur, nous rencontrons une dimension de la lumière qui dépasse la perception visuelle », provenant de l'obscurité et du mouvement : la première est formée par des racines dendritiques à l'intérieur des plaques émaillées résultant d’une réaction entre le cuivre et le verre ; la seconde est obtenue par la séquence photographique qui évolue avec le temps.

À cette série, singulière et étonnante, s’ajoutent des sculptures de bronze que l’artiste nomme Gliommeri. Dans la Métamorphose des plantes, Goethe perçoit un point essentiel de la vie : une métamorphose continue allant de pair avec une unité et un enchevêtrement profonds. Lorsqu'une cause crée un effet, elle induit en même temps une autre cause, formant progressivement le réseau complexe dans lequel nous opérons. Ces petites sculptures de bronze, qui prennent la forme de filaments entremêlés, reprennent l'idée d’un monde enchevêtré, un monde représenté par une ligne dont le début et la fin se confondent, symbolisant ainsi l’éternité.

« On évoque, depuis tant de siècles, la question du mystère de la création comme étant ce qui doit être dévoilé ! Vittoria Gerardi, dans la droite ligne de rares poètes ou artistes, s'attache, elle, à approcher la création comme accomplissement d'un mystère, au sens inspiré et "dionysiaque" du terme. Elle agit pour que quelque chose puisse être non tant révélé que relié aux forces qui le constituent », conclut Jean- Louis Poitevin.